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En Touraine, les pesticides toujours très utilisés

Publié le 15 Février 2016 par Mariella Esvant - La Nouvelle République

En Touraine, les pesticides toujours très utilisés

Les ventes de produits phytosanitaires sont au plus haut en Indre-et-Loire. Leur présence dans l’eau et dans l’air est surveillée de près.

La carte, tout en nuance de rouges, est alarmiste. L'Indre-et-Loire s'y découpe, vivement teinté : on y vend chaque année 1.831 tonnes de pesticides dangereux : Glyphosate, Chloroluron, Mancozebe, Epoxiconazole et Izoproturon en tête, molécules de désherbants, fongicides et herbicides classés cancérogènes ou perturbateurs hormonaux. C'est moins qu'en Loire-Atlantique, ou en Gironde, autres régions viticoles, mais beaucoup plus que dans le Cantal ou les Pyrénées-Orientales. Pourtant, les chiffres avancés dans l'émission Cash Investigation, sur France 2, le 2 février, font débats (lire ci-contre). Zoom sur l'Indre-et-Loire.

Des traces de pesticides dans l'eau et dans l'air

Surveillée comme le lait sur le feu, la teneur en pesticides des eaux distribuées est strictement réglementée. L''Agence régionale de santé Centre-Val de Loire veille, signalant chaque année les zones visées par des « anomalies ponctuelles » voire en « non-conformité ». En région, « 4,3 % de la population » a été concernée par « une eau dont la teneur en pesticides a dépassé l'exigence de qualité de 0,1 microgramme/litre », conclu le rapport 2014. En Indre-et-Loire apparaissent notamment de l'AMPA, issu de la dégradation du glyphosate, vers Auzouer-en-Touraine et de l'atrazine déséthyl, interdit depuis 2003 mais très persistant, vers Souvigny-de-Touraine. « Les pollutions viennent directement de la source ou des épandages, par contamination aérienne », explique Annie Goléo, en charge des contrôles à l'ARS. Les contaminations ponctuelles ont peu d'incidence, rassure-t-elle. Et si la présence de pesticides est constante, un système de filtrage est installé, comme à Bléré ou Esvres-sur-Indre.

Un risque d'effet cocktail

La présence de pesticides dans l'air, elle, n'est pas réglementée. Lig'Air, association agréée par l'État, la contrôle néanmoins pour la région Centre-Val de Loire depuis les années 2000. « Le constat global va vers une diminution du nombre et de la quantité de substances observées », acte Abderrazak Yahyaoui, responsable des études de Lig'Air. Sur le site de Tours, en 2015, neuf molécules ont été observées, en majorité des herbicides, soit trois de moins qu'en 2014. « Les quantités sont faibles, mais il y a un risque d'effet cocktail. D'autant que nous ne mesurons que les molécules que nous connaissons, et sur une période restreinte, faute de budget », analyse Abderrazak Yahyaoui.

Les effets à long terme mal connus

Les mesures sont donc là, mais « la connaissance des effets d'une exposition [aux pesticides] à de très faibles doses et à long terme est encore aujourd'hui incomplète », admet l'ARS. Seuls les cas d'ingestion ou d'exposition à de fortes doses sont reconnues comme dangereux pour la santé.
Depuis une dizaine d'années, le tableau des maladies professionnelles du régime agricole reconnaît des pathologies liées aux produits phytosanitaires, la dernière en date étant la maladie de Parkinson. « Depuis longtemps déjà, on avait des doutes sur ces liens », affirme aujourd'hui Dominique Gibon, éleveur converti au bio, dont le père, agriculteur à la retraite, souffre de Parkinson et dont la mère a été atteinte d'un cancer. « On a conscience qu'il faut être précautionneux », abonde Dominique Malagu, président de l'UDSEA 37. Tout en défendant l'utilisation de phytosanitaires, « faute de mieux », il assure que les pratiques ont évolué : « Par exemple, on ne traite plus par grand vent. »
Si la prise de conscience est là, dans le département, vignes, céréales et colza restent très consommateurs de pesticides.

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